INTERVIEW DU CEO ET DU PRÉSIDENT

L'avenir, c'est #circulaireensemble

Pendant la pandémie de coronavirus, les gens sont souvent restés confinés chez eux et beaucoup d’appareils électroménagers ont alors été mis au rebut et remplacés, avec des records de collecte à la clé. Cet effet est ensuite retombé en 2022 avec l’incertitude provoquée par l’inflation et la guerre en Ukraine. Les défis sociaux changent à un rythme effréné et Recupel change donc aussi, expliquent le CEO Eric Dewaet et le président Bruno Vermoesen, ce qui se traduit par une nouvelle mission, une nouvelle vision et une nouvelle structure.

Eric Dewaet : « Il y a deux ans, nous avions organisé une enquête auprès des parties prenantes afin de préciser la mission et la vision de Recupel. L’année dernière, nous avons développé et testé ces idées au sein de notre organe d’administration. Il en a résulté une mission et une vision plus larges. Avec nos partenaires et les consommateurs, nous voulons construire une société durable et circulaire. Nous voulons réduire la consommation de matières premières et d’énergie, ce que nous continuons à faire en collectant et recyclant les appareils électro et les lampes. Mais aujourd’hui, nous disons aussi explicitement comment, à savoir par la réparation, le réemploi et un recyclage de qualité. »

Bruno Vermoesen : « Et ça n’a rien d’un exercice abstrait. Notre nouvelle mission et notre nouvelle vision reflètent l’évolution de notre fonctionnement et se traduisent par de nouvelles initiatives concrètes. Comme dans notre dernière convention avec le secteur retail où nous mettons clairement l’accent sur le réemploi, notamment en encourageant la collecte conservatoire (éviter que les appareils ne soient endommagés pendant la collecte, ndlr). Nous avons aussi engagé un collaborateur supplémentaire chargé de travailler avec le secteur du réemploi. »

« Une telle orientation stratégique explicite est aussi utile pour éviter de se contenter de regarder les chiffres. Communiquer des chiffres et fixer des objectifs est certes important, mais c’est aussi parfois paradoxal pour Recupel. Nous visons par exemple l’objectif européen de collecter 65 % des appareils électriques et électroniques mis sur le marché les trois années précédentes. Mais plus nous nous dirigeons vers une économie circulaire, plus la durée de vie de ces appareils s’allonge et elle est aujourd’hui déjà bien supérieure à trois ans ! En clair : plus notre économie est circulaire, plus nos chiffres sont mauvais. »

Bruno Vermoesen : « Notre nouvelle mission et notre nouvelle vision reflètent l’évolution de notre fonctionnement. »

À propos de chiffres, quel bilan tirez-vous de 2022 ?

Eric Dewaet : « Après deux années record, nous avons enregistré un recul de 7 % en 2022, mais il y a une explication. Pendant la pandémie de coronavirus, les gens sont souvent restés confinés chez eux et en ont profité pour faire du rangement. Les voyages étant interdits, ils avaient plus de budget pour effectuer des rénovations ou remplacer des vieux appareils. Après la pandémie, cet effet est retombé et 2022 a été marquée par la guerre en Ukraine et une grande incertitude (économique). Les gens se sont donc serré la ceinture et ont remplacé moins vite leurs vieux appareils. »

« Tous les deux, trois ans, nous menons une enquête auprès d’un échantillon représentatif de la population. L’enquête de 2022 a montré qu’environ 49 millions d’appareils inutilisés dormaient dans les tiroirs et les armoires. La raison principale est : « au cas où ». C’est dommage parce qu’il y a des gens qui aimeraient pouvoir utiliser ces appareils. Surtout avec la perte de pouvoir d’achat que beaucoup connaissent actuellement. La collecte de réfrigérateurs continue toutefois à augmenter et c’est très important parce que ceux-ci sont particulièrement nocifs pour l’environnement s’ils ne sont pas correctement recyclés. Mais cela montre aussi que l’implication des gens n’a à vrai dire pas changé. »

Eric Dewaet : « Environ 49 millions d’appareils inutilisés dorment dans les tiroirs et les armoires. C’est dommage parce qu’il y a des gens qui aimeraient pouvoir utiliser ces appareils. »

Bruno Vermoesen : « Nous continuons donc, avec nos partenaires, à chercher de nouveaux moyens d’encourager les gens. Je pense par exemple au projet Retour – en collaboration avec bpost – qui permet de donner le petit électro usagé au facteur quand celui-ci dépose un colis. Ou à Pick-up, qui permet aux sociétés, écoles et autres organisations de demander la collecte de petits volumes de vieux appareils ménagers. »

Eric Dewaet : « Il s’agit parfois simplement de petits ajustements, comme un espace spécial dans les parcs de recyclage pour les appareils qui fonctionnent encore. C’est une forme de nudging : une étagère sur laquelle on dépose soigneusement les appareils plutôt que de les empiler dans une palette box où ils risquent d’être endommagés. Ça fait réfléchir à ce qui est encore possible avec un appareil. Le succès de telles initiatives dépend de la collaboration de partenaires comme les gardiens des parcs, les détaillants, les ressourceries… Je suis très heureux qu’ils soutiennent aussi cette évolution vers plus de réparation et de réemploi. Cela s’est d’ailleurs traduit par une belle hausse du chiffre de réemploi l’année dernière. »

La collaboration, clé du succès ?

Bruno Vermoesen : « La collaboration et la participation. Pour renforcer tout cela, nous allons mettre en place une nouvelle structure cette année avec le passage de huit asbl – les sept secteurs plus Recupel – à une seule. Nous n’allons plus travailler en secteurs, mais en six divisions représentant les intérêts des différentes catégories de produits : blanc, ICT, échange thermique, outils, construction et médical et labo. Nous allons dans le même temps passer de 16 à 12 administrateurs. »

« L’objectif principal de la nouvelle structure est de donner plus de poids au marché et d’apporter de l’expertise. Il y a de la place pour les fédérations, les représentants et même un administrateur externe, comme un universitaire. La force de Recupel a toujours été d’agir, mais pas sans réfléchir. Nous allons donc adopter une approche réfléchie, soutenue par nos partisans et avec un bon lien entre l’équipe exécutive et l’organe d’administration. Nous figurons parmi les premiers en Europe, et je suis convaincu que nous en ferons toujours partie l’année prochaine. Rendez-vous dans notre prochain rapport annuel. »

Notre nouvelle vision
Avec les consommateurs et les partenaires, Recupel construit une société durable et circulaire en collectant les appareils électro et les lampes pour leur donner une nouvelle vie.

 

Notre nouvelle mission
Recupel s’occupe de la collecte et du recyclage des appareils électro et des lampes usagés pour le compte des fabricants. Avec un vaste réseau de partenaires, nous encourageons la réparation et le réemploi et nous organisons un recyclage de qualité. Ensemble, nous réduisons ainsi notre consommation de matières premières et d’énergie.